Estimation des caractéristiques de
l’infrastructure
La thématique de la recherche développée dans le
cadre de mon stage de DEA et de la thèse de doctorat est l'automatique
appliquée à l'automobile et à l'interaction véhicule avec la route afin de caractériser
une surface de chaussée. C'est une recherche qui associe étude théorique et
évaluation expérimentale. Afin de concevoir une méthode de relevé 3D des
surfaces de chaussée, on a réduit en première approche cette méthode en un
problème 2×2D. Pour reconstruire le profil 2×2D, des méthodes géométriques de
changement de repère sont développées. Elles consistent à exploiter les mesures
obtenues à partir d'un véhicule instrumenté équipé des capteurs suivants:
- deux capteurs laser (droit et
gauche) mesurant la distance de la caisse à la route,
- une centrale inertielle donnant les
trois positions angulaires de la caisse,
- un accéléromètre mesurant
l'accélération verticale de la caisse,
- un capteur de position en x, y de
la caisse (GPS différentiel).
D'autres méthodes de référence sont exploitées
au LCPC:
1. Mesure
donnée par APL (Analyseur de Profil en Long): appareil de mesure développé au
LCPC.
2. Méthode
inertielle (utilisant les accéléromètres et les capteurs laser, General Motors).
3. Utilisation
de la règle: c'est une méthode qui est très précise mais qui reste très lourde
et peut nécessiter beaucoup de temps pour relever un profil sur une longue
distance.
Il
est à noter toute fois, qu'hormis la méthode inertielle, les autres méthodes ne
tiennent pas compte de la dynamique du véhicule. Elles se basent
essentiellement sur l'étude et le traitement des mesures capteurs. Leur
précision reste alors tributaire du type et du nombre de capteurs nécessaires
pour extraire l'information voulue.
La
nouvelle approche qui rentre dans le cadre d'une collaboration de recherche
entre le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) et le Laboratoire de
Robotique de Versailles (LRV), qui a
fait l'objet de mon travail de thèse, a permis de développer un estimateur de
profil de route, rapide, précis et économique (réduction du nombre de
capteurs). Cette méthode utilise le principe des observateurs non linéaire
robustes par modes glissants à entrées inconnues partant des mesures
disponibles: débattements et vitesses afin d'estimer les deux profils, droit et
gauche, parcourus par les roues du véhicule. Nous avons au préalable étudié la
faisabilité de ce principe d'estimation sur une remorque instrumentée à
l'arrêt. Des signaux d'excitation de la remorque (constituant donc les entrées
inconnues à estimer) sont générés. Les capteurs enregistrent les dynamiques de
la remorque. Nous avons développé des observateurs pour reconstituer les
entrées supposées inconnues, représentant les deux profils gauche
et droit de la chaussée. Nous avons pu remarquer que l'estimation était de
qualité. Cependant, afin de remonter vers un profil 3D de la chaussée, nous
avons besoin des quatre traces de roulement du véhicule sur la route.
La mise au point d'un tel estimateur nécessite
d'abord le développement d'un modèle dynamique complet du véhicule. Nous avons
alors dans un premier temps développé un modèle du véhicule constitué de 32 ddl (degrés de liberté) pour représenter au mieux le
comportement du véhicule. Cette modélisation a utilisé des techniques de la
robotique (méthode de Lagrange), puisqu'on a découpé le système en cinq sous
blocs. Après avoir réalisé et simulé le modèle sous le logiciel de calcul Matlab-Simulink, une deuxième étape consistait à valider
celui-ci sur des mesures réelles effectuées par le LCPC (centre de Nantes) sur
une 406 équipée de différents capteurs, roulant à une vitesse constante sur la
piste LCPC. Cette compagne d'essais a permis d'enregistrer la dynamique du
véhicule (accélérations, vitesses, positions…). Cette validation du modèle est
précédée par une étape intermédiaire qui est celle du traitement des signaux
délivrés par les capteurs afin d'enlever les bruits et de rendre ces signaux
plus cohérents et exploitables. On a à cet effet, réalisé plusieurs filtres
(filtre passe haut, passe bas …).
Mon séjour au LCPC à Nantes, dans l'équipe SCDV
(surface des chaussées et dynamique du véhicule), m'a permis d'avoir une bonne
expérience dans le domaine d'instrumentation puisque j'ai contribué au choix
des capteurs, à l'installation de ces derniers dans le véhicule ainsi qu'a leur
analyse avec le logiciel Labview. J'ai aussi
développé durant cette période, la méthode inertielle de General
Motors et comparé ses résultats aux profils mesurés
par l'Analyseur du Profil en Long (APL). Ce travail a été précédé par
l'identification des différentes composantes physiques de cet appareil
dynamiques (APL).
Du concept théorique à la réalisation pratique,
l'intérêt de cette nouvelle approche sur l'estimation du profil de route a été
démontré en comparant les résultats expérimentaux aux mesures de référence
données par l'APL. Les paramètres utilisés dans notre
modèle du véhicule sont considérés constants et connus. Cependant quelques
paramètres (tels que les coefficients intervenant dans le calcul de
l'adhérence) dépendent du type et de l'état de la chaussée. Notre idée consiste
alors à estimer ces paramètres en ligne en les considérant comme des états
inconnus. Ce type d'estimation utilise un autre genre d'observateur à mode
glissant qu'on appelle adaptatif. Ce travail a permis d'estimer les forces
longitudinales du véhicule. Ces profils ainsi estimés par observateurs à modes
glissants et par la méthode inertielle sont introduits à l'entrée du modèle
dynamique du véhicule. Ceci a permit d'obtenir l'évaluation des charges sur
chaque pneumatique. Ces charges sont très importantes quand on veut déterminer
les efforts d'interaction pneumatique chaussée. Pour obtenir une bonne
évaluation de ces forces de frottement et des couples agissant sur le contact
pneu/chaussée, il est nécessaire d'avoir une bonne évaluation des charges des
roues. Cela peut être obtenu seulement si les profils de route, entrées du
modèle dynamique sont corrects. L'étude de l'influence des autres paramètres
tels que la pente et le devers sur le comportement dynamique du véhicule peut
être d'un grand intérêt, c'est le travail actuellement en cours. En effet, l'introduction de ces paramètres
dans le modèle du véhicule permettra dans un premier temps leur estimation et
puis de les intégrer dans notre méthode de reconstruction afin de relever le
profil de chaussée en 3D (surface de la route).
Le problème de commande des systèmes non
linéaires fait aussi partie de mon un axe de recherche. En effet, des lois de
commande basées sur les méthodes à modes glissants sont développées. Le but étant la poursuite de la trajectoire
tout en considérant que le signal de retour est l'écart latéral entre la
trajectoire de la route et la position du véhicule. L'angle au volant est
utilisé comme variable de commande.