LES OPERATEURS DE REPRODUCTION DE TONS

 

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Les études de visibilité routière en situation de conduite utilisant des images de synthèse offrent de nombreux avantages par rapport aux essais sur piste ou sur route (reproductibilité des essais, absence de risque). Mais la richesse de l’environnement visuel de l’usager de la route dépasse largement les capacités matérielles des dispositifs de visualisation (dynamique de luminance, domaine de couleur, quantification, résolution). Pour une scène de conduite diurne, la luminance peut atteindre 100000 cd/m². Pour une scène de conduite nocturne, la luminance peut descendre jusqu'à 0.001 cd/m² et en même temps valloir 100000 cd/m², en présence des feux de croisements. Un écran [LCD] ne peut généralement pas afficher de luminance inférieure à 0.1 cd/m² et supérieure 200 cd/m². Un projecteur [CRT], principalement utilisé par les simulateurs de conduite, offrent une dynamique encore plus faible. Selon la taille de la zone de projection, la luminance maximale affichable est de l'odrede 10 cd/m². Pour contourner ces contraintes, il existe des algorithmes de reproduction de tons (Tone Mapping) qui transposent, en utilisant les caractéristiques de la perception visuelle humaine, une image à forte dynamique de luminances (HDR), calculées et/ou mesurées, en une image à luminances affichables.

Le problème de la reproduction des luminances sur un dispositif d’affichage limité en niveaux de luminance ou en dynamique n’est pas récent. Les premiers à s’être intéressé à cette question sont les photographes qui traitaient les photos de manière à ce qu’elles correspondent plus à l’apparence visuelle des scènes photographiées. Pour les images de synthèses de nombreux opérateurs [TM] ont été proposés. Il existe deux catégories d’opérateurs. La première regroupe les opérateurs globaux ou spatialement uniforme. L’image est considérée dans son ensemble et tous les pixels subissent la même transformation. La seconde regroupe les opérateurs locaux qui appliquent des transformations différentes aux différentes parties de l’image. Des opérateurs proposent également une solution dynamique.


Pour illustrer le problème du choix d'un opérateur, trois images représentant trois scènes de conduite sont traitées par 5 opérateurs de reproduction de tons différents. L'image en haut à gauche est traitée par l'opérateur linéaire de [Ward], celle en haut à droite par l'opérateur global de [Larson et al.], celle au milieu à gauche par l'opérateur local de [Pattanaik et al.] et celle au milieu à droite par l'opérateur local de [Reinhard et al.] et celle en bas par l'opérateur que j'ai développé au LCPC.

  • Scène de conduite de jour par temps de brouillard: Cette image a une dynamique de luminance de 12:1 mais des luminances maximale et minimale élevées Lwmin = 113,18 cd/m² et Lwmax = 1392 cd/m². Elle a des fréquences spatiales faibles et des grandes zones de degradés de luminance. Cette image pose problème en particulier aux opérateurs rehausseurs de contraste qui ont du mal à gérer les dégradés de luminance. D'autres algorithmes peuvent être génés par une luminance minimale élevée et rabaisser la luminosité de la scène en changeant l'ambiance lumineuse.

 

  • Scène de nuit sans source lumineuse directe: Cette image a une dynamique de luminance de 20:1 et des luminances maximale et minimale faibles Lwmin = 0,25cd/m² et Lwmax = 5,1 cd/m². Cette image est critique parce que les luminances sont situées dans le domaine mésopique uniquement. Sa luminance minimale est inférieur à la plupart des luminances minimales affichables de la plupart des écrans. Les contrastes pour de faibles niveaux de luminances sont rapidement écrasés par la quantification. Les opérateurs ont généralement tendance à élever les niveaux lumineux pour permettre de conserver les contrastes et la luminosité est alors nettement augmentée. La situation de nuit tend alors à apparaitre comme une situation de jour.

 

  • Scène de nuit avec des sources lumineuses dans le champ visuel: Cette image a une forte dynamique de luminance de 1000:1 et une luminance maximale élevée (les sources lumineuses) et une luminance minimale faible Lwmin = 0,5 cd/m² et Lwmax = 478,4cd/m². Cette image pose problème parce que la dynamique doit être compressée sans écraser les contrastes des zones sombres, tout en préservant une luminosité faible.