Lisibilité
Le terme de lisibilité est utilisé dans différents domaines
avec des sens différents. Le principal élément de cohérence réside dans
l’opposition entre la visibilité, qui porte sur un niveau élémentaire, celui de
la détection, et la lisibilité, qui porte sur le niveau sémantique de la
compréhension d’une information. Au-delà, on note deux oppositions principales
dans les usages de ce terme.
Objet de la lisibilité
La première opposition porte sur l’objet de la lisibilité.
On peut parler de la lecture d’un signe, ou de l’intelligibilité de
l’environnement, compris au sens large. Dans le premier cas, il s’agit d’un
texte à déchiffrer (c’est le sens premier du mot). Dans le second cas, d’un
environnement physique et humain à interpréter.
Dans le contexte
routier, cette opposition recouvre d’un côté la lecture des objets routier (en
particulier, la signalisation), de l’autre la compréhension d’une scène
routière dans son ensemble. On parlera, dans le premier cas, de lisibilité
de la signalisation. Dans le contexte de l’aménagement routier, on parlera
de lisibilité de la route, ce qui fait référence à l’ensemble de
l’environnement routier, y compris le trafic, le paysage, etc.
Référence de la lisibilité
La seconde opposition porte sur la référence à une
information qui est décryptée et lue par l’observateur (l’usager de la route).
Dans le domaine de la signalisation, on se réfère à l’information contenue sur
le panneau ou dans le marquage. Concernant la « lecture » de la
route, on peut se référer aux objectifs de l’aménageur, qui essaye de concevoir
une route « lisible », c’est-à-dire compréhensible. Cela implique que
l’usager de la route parvient facilement à déchiffrer les règles de comportement
à suivre, et anticiper le comportement des autres usagers. Mais il y a une
autre manière de choisir la référence de « lecture » : plutôt
que le fonctionnement idéal prévu par le concepteur, on se peut se référer au fonctionnement
réel.
Dans ce cas, on appelle lisibilité de la route le fait que
le fonctionnement réel de la route est bien compris et bien anticipé. On dira
que la route est lisible si elle a l’air de ce qu’elle est, c’est-à-dire que
les hypothèses que les usagers peuvent faire sur la base de ce qu’ils voient
sont justes.
La différence entre le deux définitions est liée au fait,
bien connu en aménagement, que le fonctionnement réel n’est pas, dans le cas
général, le fonctionnement prévu par les concepteurs. La deuxième définition
paraît plus pertinente parce qu’elle se réfère à ce qui est utile pour
l’usager, mais elle est plus difficile à rendre opérationnelle, puisqu’elle ne
peut s’appuyer sur une « écriture » explicite de la route.
vocabulaire polysémique